« J'aime sans être aimé. » Rintaro Maeda.

« Enfant né le 23 avril à quinze heures trente. Annonça un médecin. »

Dix ans plus tard, cet enfant riait, pleurait, boudait et exprimait un tas de sentiments dignes d'un être humain normal. Sa vie était banale, il vivait aux côtés de ses parents et de sa grand-mère maternelle qui perdit son mari trois ans plus tôt, car il mourut d'un cancer.

Alors qu'il fêta ses quinze ans, sa mère lui offrit un CD. L'album d'une chanteuse mignonne. Elle avait des cheveux roses, ça la rendait originale. Lui, il se fichait pas mal de cet album, il aimait les jeux vidéo, son ordinateur et son téléphone, c'est tout.

Son unique cadeau.

« C'est une blague... Avait-il dit. Putain, c'est une blague ! »

Ce n'était pas une blague. Il n'avait pas pris la peine d'écouter une chanson de cette adolescente. Il n'était visiblement pas intéressé par la musique qu'elle produisait.

Le lendemain matin, au lycée, l'adolescent avoua qu'il n'avait eu qu'un seul cadeau à son anniversaire et que ce cadeau était ridicule. Ses amis rirent. Rintaro avait prévu le coup et avait apporté le CD avec lui, il montra cette chose à ses copains. Plus aucun rire, juste de l'émerveillement.

Oui, il avait eu le dernier album d'Atsuko, oui il n'en était pas fan et oui il n'avait pas compris la réaction des autres lorsqu'il avait sorti le CD. Les amis de ce dernier ne cessaient de lui dire qu'il avait de la chance, que c'était leur chanteuse préférée, ça agaça rapidement le jeune garçon.

Énervé, agacé et vexé de savoir que beaucoup de personnes l'idolâtraient pour un rien, il se décida finalement à écouter une chanson d'Atsuko.
Cette voix, cette chevelure, cette façon de se tenir. La perfection envahissait cette adolescente aux yeux du jeune homme. Effectivement, c'était une excellente chanteuse.

Il apprit rapidement qu'elle n'avait qu'un an de plus que lui et qu'ils étaient dans le même établissement scolaire. C'était formidable, mais il cacha sa joie face à ses amis qui n'hésiteraient probablement pas à lui poser des questions indiscrètes. Trop indiscrète, même.

Rintaro la croisa dans un couloir. Elle avait de magnifiques yeux, un visage qui exprimait la joie de vivre, mais elle avait une fierté comme tous les chanteurs. Cette fille était fausse, c'était une menteuse et elle profitait de sa voix pour gagner de l'argent. Elle devait faire partie de ces riches qui ne cessaient de se plaindre alors que ceux qui manquent terriblement d'argent travaillent dur sans se plaindre. Elle était hypocrite, égoïste et sous ses airs de petite demoiselle parfaite se cachaient très certainement une experte en la manipulation.

Pourquoi tant de haine envers elle ? Il la croisait dans un couloir et ressentait déjà du dégoût pour elle. C'était une honte de penser comme ça. N'était-elle pas avant tout une personne normale ayant des goûts particuliers pour la musique ? Si. Elle était comme lui a l'exception que lui, il s'intéressait uniquement à ses nombreux jeux vidéo.

Il en était tombé amoureux dès le premier regard.

Elle grandissait, il grandissait aussi. Elle gagnait en succès, il restait inconnu à ses yeux. Aimer est une chose, mais aimer sans être aimé en est une autre. Il souffrait de cet amour impossible. Elle souriait de son succès.